lundi 7 août 2017

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LE SACRE DE LA NUIT, Colin Wilson





Roman – Le Sacre de la Nuit (1960, Ritual in the Dark ; Gallimard, 1962).
Premier roman de Colin Wilson et première apparition de son personnage fétiche, Gérard Sorme, mais aussi première incursion de l’auteur dans le domaine du crime, thématique qu’il cultivera avec fascination tout au long de son œuvre. Gérard Sorme est un jeune écrivain pauvre, passionnément en quête d'une vérité intérieure qui rejoindrait, au-delà d'inaccessibles dimensions, une certaine vérité du monde, une vérité de l'homme placé face au monde actuel en train de se défaire. Bref un « Outsider » qui va faire connaissance, lors d’une exposition sur Ninjiski[1], d’Austin Nunne, un jeune homosexuel qui gère péniblement une oisiveté fortunée dans un Londres marqué par une nouvelle épidémie de meurtres à Whitechapel. L’écrivain tombe sous le charme de ce personnage qui, comme lui est un grand paumé à la recherche d’un sens à la vie. Mais cette amitié cache une recherche dévorante, celle de la part d’ombre qui fait tout le mystère du jeune dilettante. Gérard Sorme pénétrera progressivement dans l’univers social d’Austin, se liant avec un prêtre psychologue, un jeune peintre tourmenté par les petites filles, une quadragénaire de tante de la race des vierges de glace, une adorable jeune cousine qui tombera éperdument amoureuse de lui. Chacun d'eux, sans le savoir ni le vouloir, à l'aide de très légers déplacements dans le temps et l'espace (mots, signes, silences) permet peu à peu à Gérard Sorme de resserrer toujours davantage le réseau de ses présomptions. Et soudain, l'évidence éclate : Austin Nunne s'est réalisé lui-même dans le sadisme, Austin Nunne n'est autre que le monstrueux criminel poursuivi.
Et le roman, dont la fin n'est pas une fin comme dans toute réalité, marque pour le héros un émouvant instant de pause comme si, très mystérieusement, il venait de découvrir enfin que sa propre angoisse trouvait sens et définition dans le destin ambivalent et destructeur de son ami, son double.


Livres imaginaires
Les titres ne sont pas donnés, mais on apprend que Austin Nunne a publié deux ouvrages, l’un sur la danse, l’autre, sous forme de plaquette, sur Nijinski.


[1] Vaslav Fomitch Nijinski (en russe : Вацлав Фомич Нижинский, Vaclav Fomič Nižinskij ; en polonais : Wacław Niżyński), aussi retranscrit Vaclav Nijinsky ou Vatslav Nizhinski, né à Kiev le mars 18891 et décédé le avril 1950 à Londres, est un danseur et chorégraphe russe d'origine polonaise.
Nijinski est aussi l'auteur d'un système de notation de la danse qu'il inventa pour son usage personnel. Grâce aux recherches de spécialistes, on a pu reconstituer fidèlement certaines de ses chorégraphies, dont L'Après-midi d'un faune et une partie du Sacre du printemps.

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