vendredi 7 mars 2014

INGRID DESJOURS SE SOUVIENT DE JEAN-JACQUES BARLOY






Ingrid DESJOURS a partagé un lien.

La première fois que je suis venue à Paris, il y a une dizaine d'années, je me suis perdue dans le jardin du Palais Royal, convaincue qu'il s'agissait du Jardin des Tuileries... Près d'un parterre de fleurs, un homme, habillé comme un clochard qui aurait bien vécu avant de chuter, costume en velours un peu froissé, parle à une autre clocharde et sort régulièrement des miettes des poches (mais combien en avait-il ?) de son costume élimé. Ces miettes sont pour les moineaux du parc. Les oiseaux volent tout autour de lui, se posent sur ses mains, ses épaules. Imperturbable, l'homme parle à la femme qui a l'air fascinée. Je m'approche et écoute ce qu'il raconte. Il parle de théâtre, de la bête du Gévaudan, du masque de fer, s'interrompt pour noter que tel ou tel moineau, à qui il a donné des noms, vient d'arriver, de manger, de repartir... l'un d'entre eux s'appelle "le drôle". En réalité, il est fascinant. Je me mêle à la conversation, lui dis que j'ai commis quelques pièces de théâtre, moi-même... Il est ravi, me demande mon nom, au cas où un jour il le verrait en lettres rouges sur l'enseigne d'un théâtre (il se moque gentiment de moi)... puis il me donne le sien. Je lui réponds que je suis enchantée. Il me dit que je peux : après tout, il est Docteur en ornithologie et cryptozoologue. Je me dis qu'il est sans doute mythomane, mais l'histoire me plaît alors je m'en fiche. On reste encore quelques minutes à papoter, puis je m'en vais rejoindre des amis. Une fois rentrée, je tape son nom dans Google. Jean-Jacques Barloy. Rien de ce qu'il m'a dit n'était faux. Je l'ai revu, grâce aux pages blanches. L'ai même invité à une conférence pour une association dont je faisais partie, à l'époque, ai pris un chocolat chaud dans un salon de thé avec lui... Il était d'une érudition et d'une simplicité absolues. Drôle, comme ce petit moineau à crête qu'il aimait tant. Et puis on s'est un peu perdus de vue. Et alors qu'un ami me reparlait de lui aujourd'hui, j'ai appris qu'il nous avait quittés, il y a un an. Jean-Jacques, vous avez mis de la poésie dans ma visite parisienne.. et vous avez sûrement contribué à ce que je m'y installe. Merci, je ne vous oublierai pas...

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