samedi 31 mars 2012

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : HENRI VERNES, MEMOIRES

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Les amateurs de Bob Morane, et plus généralement les passionnés de littérature populaire, attendaient cet ouvrage. En 480 pages, Henri Vernes nous offre enfin ses Mémoires (Jourdan Editions, 2011), sans prise de tête inutile ni auto-gloriole de circonstance. Il sait qu’il n’est pas le centre du monde, et que toute aventure humaine a une fin. Et cette fin (qu’il sent proche) tend sous sa plume à relativiser son parcours exceptionnel. Mais quel beau parcours. Elevé et choyé par ses grands parents (ses parents étaient séparés), Charles Dewisme fera son apprentissage dans une Belgique ballotée entre les deux guerres mondiales. Avec des fugues hautes en couleur (ah, la Mer de Chine, Canton et Shanghai !), un intérêt très limité pour les études et une passion précoce pour l’écriture. Avec aussi une haine farouche pour l’occupant allemand qui l’amènera à devenir le discret correspondant du MI 16 dans sa bonne ville de Tournai. Cette haine l’amène du reste à qualifier Hergé de sale collabo dont toute la Belgique a honte. Mais retenons surtout ses pages d’amitiés, notamment celle sur Michel de Ghelderode, Jean Ray qu’il exhumera de l’oubli grâce à Marabout et surtout Bernard Heuvelmans. C’est à ce dernier qu’il devra du reste à rentrer dans l’écurie de l’éditeur de Verviers et de se lancer dans l’aventure de Bob Morane. C’est également le cryptozoologue qui lui fera découvrir, au sens propre du terme, le paradis sur terre : l’Ile de Levant et le nudisme…… On n’oubliera pas non plus ses belles pages sur… les femmes et sur sa petite chienne, qui fut le grand bonheur de sa vie.
Henri Vernes restera assez pudique sur sa fabuleuse aventure éditoriale, parlant avec discrétion de ses nombreux voyages pour camper une nouvelle aventure du commandant. Mais on devine que le rythme de production insensé qui lui était imposé flirtait souvent avec la galère et que lorsqu’il était amené à aller crapahuter en Colombie ou au Pérou, c’est à son appartement tranquille en Belgique auquel il rêvait, où il savait que l’attendaient un bon fauteuil et un bon bouquin.
A lire et à relire en savourant chaque chapitre.

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