samedi 5 février 2011

LE PROTECTORAT DE L'OMBRELLE - SANS AME



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En tant qu'amateur de bit-lit, cette littérature populaire d'aujourd'hui, je trouve la production générale de bonne qualité, remplissant son contrat envers le lecteur, à savoir le divertir, mais le plus souvent assez formatée. Et, de temps en temps, il y a un chef d'œuvre d'originalité, d'intelligence et d'humour qui paraît: c'est le cas de "Sans âme", premier volume de la trilogie du "Protectorat de l'ombrelle" de Gail Carriger (Orbit). L'héroïne, Mademoiselle Alexia Tarabotti, est une jeune "vieille fille" de la haute société londonienne qui, outre qu'elle est à demi-italienne par son père, présente un défaut impardonnable aux yeux de tout victorien qui se respecte: elle est intelligente et passionnée par les sciences. Accessoirement, elle est née sans âme ! Or nous sommes dans une Angleterre où, à la Renaissance, les créatures surnaturelles - vampires, loups-garous, fantômes - ont fait leur "coming out" en profitant de cette époque de Lumières et se sont bien intégrées dans le tissu social anglais, au point d'avoir leurs conseillers auprès de la reine et un Bureau assurant leur police. Et c'est là où l'auteur a une idée très originale et sulfureuse: vampires et loups-garous le deviennent car ils ont un excès d'âme ! Renversement complet des idées habituelles: Mlle Tarabotti, étant une paranaturelle car n'ayant point d'âme, a le don redoutable pour ces créatures de leur faire perdre leurs pouvoirs lorsqu'elle les touche. A partir de là, Gail Carriger se livre à un exercice savoureux de détournement et de pastiche des codes de conduite victoriens dans une Angleterre steampunk - on commence à utiliser les dirigeables pour se déplacer - où Mlle Tarabotti se retrouve impliquée dans une sombre histoire de vampires inconnus et non éduqués - how shocking ! - apparaissant de nulle part, ce qui l'entraîne parallèlement dans des démêlés amoureux drôlatiques avec Lord Maccan, chef du bureau des créatures surnaturelles, écossais et loup-garou... L'intrigue est menée avec verve, l'écriture est toujours pleine d'humour - les remarques de Mlle Tarabotti et de Lord Akadelma, vieux vampire efféminé, hilarant et remarquablement brillant, valent leur pesant d'or -, l'histoire palpitante avec ce qu'il faut de savants fous et de créatures nocturnes pour faire que l'on ne peut reposer le livre. La traduction de Sylvie Denis est très bonne, elle a bien su rendre l'humour britannique pince-sans-rire de l'auteur. En résumé, un livre excellent ! A quand sa suite ?

Jean-Luc Rivera
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1 commentaire:

LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS a dit…

Tu m'as donné envie de lire ce livre.

Roger